Quelques citations
Youssoupha – France Inter, émission Boomerang du 7.6.2021 – « On est à une époque où on aime penser vite … On veut avoir des réactions plutôt que des pensées ou des réflexions. On veut des avis tranchés alors que tout est nuancé … [il faudrait pouvoir] penser, prendre de la hauteur, du recul ou même juste [avoir] la capacité à dire « je ne sais pas », plutôt que d’avoir une société ou tout le monde a un avis sur tout … On a tendance à prêter l’oreille à ceux qui ont des avis tranchés alors que la réalité est beaucoup plus complexe … La complexité demande de l’effort et du temps, et la notion, par exemple, de temps long. On a du mal avec ça, on a envie que ça aille vite. Réagir, réagir, réagir, du coup on se met dans des impasses et surtout on déforme cette réalité »
Erik Orsenna – Midi Libre du 23.03.2019 – « La prise de conscience ne suffit pas … Les gens savent par exemple qu’ils vont mourir, mais ils n’en tirent pas toujours les conséquences en n’aimant pas suffisamment les gens qu’ils aiment. Il faut passer de la prise de conscience, nécessaire mais insuffisante, à la croyance … [puis à l’action] … Seule une stratégie de responsabilité, générale et déterminée, permettra d’accélérer l’émergence de ce monde nouveau »
Mathieu Ricard – « Il n’existe d’autre remède que la prise de conscience personnelle, la transformation intérieure et la persévérance altruiste. Le mal est un état pathologique. Une société malade en proie à une fureur aveugle … n’est qu’un ensemble d’individus aliénés par l’ignorance et la haine. Il ne peut y avoir de désarmement extérieur sans désarmement intérieur. Il faut que le monde change et ce processus commence par soi-même »
Serge Klarsfeld – La Dépêche du Midi, 27.1.19 – « Le combat pour la mémoire, pour une Histoire écrite avec impartialité, nous le menons sans arrêt. Nous avons posé des plaques et des monuments un peu partout. Tout ce travail existe mais ce n’est pas un barrage contre les démagogues et les instincts les plus primitifs qui peuvent s’exprimer à l’occasion de crises politiques ou sociales où l’on voit des braves gens casser des vitrines et piller des magasins … Les démagogues font appel aux pires instincts et les braves gens ne savent pas résister. Il faut un esprit critique et cela vient avec l’éducation.
David Wengrow (« Au commencement était … Une nouvelle histoire de l’humanité », écrit avec David Graeber, 2021) – « … notre vision conventionnelle de l’histoire humaine pèse comme un boulet à nos pieds. Il n’y aurait pas d’alternative, nous serions bloqués dans des sociétés inégalitaires, hiérarchisées et coercitives … on peut se libérer de ce boulet. Il n’y a aucune preuve historique, archéologique ou anthropologique pour encore croire ce récit »
Charlie Chaplin – (film « Le Dictateur) – « Je dis à tous ceux qui m’entendent : Ne désespérez pas ! … la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront, et le pouvoir qu’ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples … Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes …. Vous n’êtes pas des esclaves ! Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l’amour du monde dans le cœur. »
Natacha Polony, Marianne du 19.03.2021 – « Il semble que les citoyens des pays européens soient devenus incapables de dessiner un équilibre raisonnable entre intérêt individuel et bien commun … L’union européenne en général, et la France en particulier, prendra enfin conscience de la nécessité d’une indépendance industrielle sans laquelle il est impossible de répondre à la moindre crise … Nous assistons à la relégation historique de l’Europe, qui s’est consciencieusement privée de tous les outils de sa souveraineté. Notre responsabilité est immense. Sans une réaction collective … nous préparons à nos enfants un monde dans lequel les grands enjeux se décideront sans eux, entre des empires dont les valeurs ne sont pas les nôtres, et pour qui la liberté et la dignité humaine sont accessoires. Si nous croyons en ces valeurs, … il est de notre devoir de nous donner les moyens très concrets de les faire rayonner »
Sébastien Roché, Humanité Dimanche du 27.01.2022 – « La fabrique de la démocratie repose pour une large part sur la socialisation des enfants et sur l’éducation. Les inégalités sociales et scolaires empêchent la construction de la nation … Alors que l’éducation nationale pourrait faire la différence, elle est de moins en moins la matrice de valeurs collectives »
Alain Bentolia, Valeurs Actuelles, hors-série « L’école : une cathédrale à rebâtir », octobre 2021 – « A force de prendre toute règle pour une contrainte, toute exigence pour un abus de pouvoir, l’école a rendu inaccessible la beauté et la richesse du français, condamnant des générations d’élèves à l’analphabétisme … Le langage doit assurer à chacun la capacité d’être compris au plus juste de ses intentions »
Entendu sur France Inter – auteur ? – « Pendant des millénaires, les sociétés ont été organisées autour du religieux. Le religieux tenait tout. Quand la modernité est apparue, de manière légitime car introduisant la liberté, il y a eu un mouvement d’émancipation puis d’individualisation. On a alors jeté le bébé avec l’eau du bain. » Qu’est-ce qui est bénéfique ? » a été remplacé par » Qu’est-ce qui rapporte de l’argent ? « . La notion de valeur a changé : de valeur en tant que « force de vie », elle est devenue valeur en tant que bénéfice, avec l’argent comme unité de compte. Cette transformation a créé du progrès mais à un coût : la question de la survie est maintenant posée »
Nicholas Christakis – « Les humains ont toutes les qualités nécessaires au développement d’une bonne société, au niveau mondial. Pendant trop longtemps, l’accent a été mis sur le côté sombre de notre héritage : tribalisme, violence, individualisme et cruauté
Serge Regourd, auteur du livre « S.O.S. Culture, dans l’Humanité Dimanche – On le sait au moins depuis Les Lumières : le citoyen se constitue par le savoir et la culture est la modalité sensible et rationnelle de l’accès au savoir. Elle est consubstantielle de l’idée même de civilisation et de démocratie. Ce qu’on le nomme les territoires perdus de la République, et que l’on devrait désigner comme les esprits perdus de la République, correspondent à cette noyade de la culture. Trop souvent, les citoyens ont été réduits au rang de simples consommateurs »
Sylvie Kauffmann, Le Monde, 22.04.2021 – « Les valeurs sont-elles suffisamment ancrées dans des sociétés démocratiques qui n’ont plus la cohésion de l’époque de la guerre froide ? … l’honnêteté serait d’être plus fermes sur ces valeurs communes »
Emmanuel Macron, propos recueilli par Zadig, n°10 (« Au cœur du complotisme »), mai 2021 – « Il y a des villes et des départements où l’on peut prendre le pouls des choses. J’aime particulièrement le Lot, Figeac, Cahors … on y trouve une forme de ruralité heureuse. Je pense à Saint-Cirq-Lapopie … Ce sont des lieux qui permettent de comprendre ce qui est accepté en France et ce qui ne l’est pas. Ils synthétisent beaucoup d’histoire »
« Nous ne bâtissons notre unité que dans une fierté collective et dans un rapport à l’universel »
« Pour moi, est français celui qui habite notre langue. Nous sommes, par elle, un pays d’hospitalité. C’est ce qui fait que nous sommes un pays monde. … Quand vous maîtrisez la langue, il n’y a plus de solitude… on a la possibilité de mettre le juste mot sur un sentiment… Beaucoup du malheur du monde et du malheur des gens … est de ne pouvoir nommer les choses, de ne pas avoir été aidé pour avoir la capacité de le faire »